Le grand méchant loup est un photographe

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Tôt mercredi matin, The Link fut informé que des membres de l’équipe Action se tenaient près des stations de vote, dans le bâtiment MB. L’article 207 du règlement de l’Union des étudiants et étudiantes de Concordia (CSU) stipule que le secret du vote doit être maintenu et qu’aucun matériel de campagne ne doit être visible depuis les stations de vote, et ce durant toute la durée du vote.

Or les candidats de l’équipe Action portaient leurs t-shirts bleus, les mêmes utilisés durant leur campagne, mais à l’envers. De plus, ils demandaient aux étudiants à proximité des stations de vote pour qui ceux-ci avaient voté et inscrivaient sur leur t-shirt une barre pour chaque vote.

Pour clarifier la situation, The Link a immédiatement envoyé un photographe, moi-même, et plusieurs reporters sur les lieux. Nous avons pu constater que les candidats Leslie Reifer et Tanya Ng incitaient bien les étudiants à voter, exhibant toujours leurs t-shirts bleus.

Après avoir pris quelques photos, j’ai décidé de retourner aux bureaux du Link lorsqu’un étudiant courant vers moi m’a pris en photo, d’un peu trop près à mon goût, puis est reparti à toute vitesse par les escaliers. Deux mètres plus loin, la même chose s’est produite, avec un autre étudiant. Lorsque j’ai essayé d’obtenir des explications auprès du deuxième étudiant, celui-ci est aussitôt parti en courant.

Arrivé au rez-de chaussé du MB, j’aperçois un attroupement autour du CEO, Oliver Cohen. Les candidats d’Action me pointent alors du doigt en criant que je les harcèle en prenant des photos d’eux. Leslie Reifer, d’un ton assez arrogant, exige qu’aucune photo de lui ne soit publiée, ni sur le site Web du Link, ni dans la version imprimée, expliquant que nous avons besoin de son autorisation. Pour couronner le tout, Cohen me dit que je dois me tenir à l’écart de l’équipe Action jusqu’à la fin des élections.

Après cette avalanche d’inepties, d’accusations et de mauvaise foi, quelques clarifications s’imposent. Tout d’abord, étant accrédité par The Link, je suis membre de la presse universitaire, et c’est mon travail de prendre des photos sur les sujets couverts par The Link, donc sur la vie politique à Concordia.

Deuxièmement, prendre un maximum de dix photos en une demi-heure ne correspond pas à la définition du harcèlement, surtout quand les photos ont expressément été prises de loin. Par contre, envoyer des gens m’intimider y correspond parfaitement.

La réaction de Cohen mérite également qu’on s’y attarde. Son rôle est de s’assurer de la régularité des élections (sans commentaire); il a donc autorité sur les deux équipes. Pour autant que je sache, The Link est bien un journal et fait donc partie de la presse. La réaction de Cohen démontre au mieux une totale ignorance, au pire une volonté de tenir à l’écart la presse du processus électoral. Enfin, il serait peut-être bon d’informer Reifer qu’il était dans un lieu public et qu’il était officiellement candidat pour le CSU, donnant ainsi le droit aux journalistes de publier sa photo.

Pour conclure, j’aimerais dire à tous ceux qui ont pris un malin plaisir à intimider, menacer ou attaquer les représentants des médias à Concordia ces dernières semaines que jamais la presse ne s’écrasera ou ne renoncera devant les ambitions politiques de certains étudiants en mal d’action.

This article originally appeared in Volume 31, Issue 29, published April 5, 2011.